vendredi 31 octobre 2008

" ALPHONSE , tu vas me vendre çà ... et TOUT de SUITE ... !




Alphonse et Solange forment un couple sans histoire ...

A chaque repas de famille toutefois le cousin Gaston la ramène avec ses "prétendues" performances boursières : j'ai acheté à autant , en quinze jours j'ai fait un bénéfice de ... etc,etc...
Cela devint vite insupportable d'autant que le cousin Gaston ne passe pas , dans la vie courante , pour être l'aigle des Carpates !
Agacé , notre ami Alphonse s'en va donc acheter et même lire le journal financier recommandé par le cousin. Il est d'ailleurs préférable de se limiter à la lecture d'un seul magazine car , n'étant jamais d'accord entre eux , la lecture de plusieurs plongerait l'investisseur dans une perplexité plus grande encore ...

Et Alphonse plongé dans ses nouvelles lectures découvre , par hasard , une action notée " à acheter " par les analystes : l'action BRANQUIGNOL , qui se traite vers les 35 € ...

Le nom lui plaît , ce qui est important pour tout investisseur ! Achèteriez vous une action qui aurait comme nom " DUCON " ? Non , n'est ce pas ; et bien lui non plus . Tandis que Branquignol , voilà un nom qui fait sérieux et qui inspire !

Avant d'agir , Alphonse se promet toutefois de demander 250 avis , de lire 2000 articles et , surtout , de vérifier au jour le jour que Branquignol est bien l'action qui monte !
La voilà justement qui passe le cap des 65 € , et Alphonse jubile . Quand le cours atteint 85 € , sans consulter Solange , Alphonse nous fait un coup de sang et donne ordre à son banquier d'acheter 200 actions Branquignol , avec l'argent de son livret ... Il les obtient à 87.50 € !

Ravi de son audace mais terrorisé de sa témérité , Alphonse se confie à Solange et lui fournit mille justificatifs et commentaires . Solange se retire , perplexe , dans sa cuisine !

Les jours qui suivent sont un enfer pour Alphonse . Il consulte fébrilement les cotations douze fois par jour et absorbe toute nouvelle économique d'où qu'elle vienne ...

Le titre continue sa progression jusqu'à atteindre 98 € ce qui sera ( mais on ne le saura que plus tard ... ) un SOMMET !

De ce sommet s'amorça une descente significative . On appelle cela " prises de bénéfices " même pour tous ceux qui , ayant acheté bien trop tard , n'ont aucun bénéfice à prendre , et de toute façon ne les prendraient pas ... Le cours redescend à 82 € .

Solange , qui suit l'opération de très près , commence à faire grise mine et distille des commentaires acerbes sur l'opportunité de l'investissement !

On parle de "repli passager" , de " dégonflement de la bulle " . ( on ne devrait pas mettre tant de savonnée dans la bourse ... il y a toujours des bulles en formation ! ) Ces bulles sont dites " spéculatives " au cas où quelque demeuré croirait encore qu'il y a autre chose dans la bourse que des spéculations !

Et notre pauvre ami suit , triste et impuissant , la dissolution de son patrimoine !

Rien n'y fait !
Promesses de récollections abbatiales , prières et cierges à Sainte Rita , patronne des causes perdues , incantations sataniques , messes noires et fesses molles : RIEN N'Y FAIT !

Le cousin Gaston ( curieusement bien taiseux sur ses performances depuis quelque temps )lance alors cette idée géniale : " il faut MOYENNER " c'est à dire acheter à nouveau , plus bas , de façon à abaisser le prix moyen de l'ensemble .

Cette méthode , connue depuis toujours ( depuis le Moyen Âge sans doute ) est considérée comme un des moyens le plus sûr de conduire l'investisseur particulier à une ruine rapide et durable ! Il serait criminel de ne pas citer içi cette autre sentence , douze milliards de fois entendue , et qui m'insuffle à chaque fois l'envie de projeter d'un solide COUP de BOULE son auteur au sol !

Cette phrase est aussi courte que son contenu est CON :

" PAS VENDU ... PAS PERDU ... ! "

Ceux qui ont acheté en leur temps les précieuses actions ALCATEL , LEERNHOUT & HAUSPIE et très récemment FORTIS ( pour ne parler que de celles là ... ) savent de quoi je parle !

Notre Alphonse donc , conseillé habilement par son cousin , rachète 200 actions Branquignol à 67 € grâce au prêt à taux réduit consenti par son banquier .

Insensible à cet effort l'action continue son calvaire ...

Solange gronde et lance à la tête de son époux les 4 à 5% perdus du livret d'épargne . Alphonse suit avec détresse ( pas avec des tresses , car le malheureux n'a plus assez de cheveux pour cela , à force de se les être arrachés ... ! ) la chute de ses actions fétiches ...

Solange fait la gueule ; elle a eu des gros mots avec Gaston lors de la dernière réunion familiale
( on aurait même entendu " vas te faire foutre , pauvre con ... ?!? '') et elle joue chaque soir à son mari la scène de "l'auberge du cul tourné " ( avec Jean Gabin , grandiose paraît-il dans le rôle de ce dernier ! )

Quant à Gaston , interrogé sans ménagement , il vitupère contre les autorités financières , stygmatise l'inertie des banques centrales ; il admoneste la mollesse des politiciens , menace de reconduire les étrangers à la frontière et s'interroge sur ce que fait la police !

La colère gronde , l'émeute est proche et , un matin , surgissant hirsute et dépoitraillée de sa cuisine , Solange hurla cette phrase terrible :

" ALPHONSE , ÇA SUFFIT , TU VAS ME VENDRE ÇA et TOUT de SUITE !!! "
Cela fut fait à 39 € , un de ses plus bas !
Tout serait terminé si , quelques mois plus tard , dans un climat redevenu plus serein , et lors de la réunion dominicale , notre cousin Gaston n'avait recommencé à se vanter de ...

moralité :
à force de croire au Père Noël
c'est le petit investisseur
qui ramasse toujours les pelles !

samedi 18 octobre 2008

Y A BON , BANANIA !




En ce début des années 60 , il y avait peu d'étrangers dans mon beau collège , et encore moins d'étrangers de couleur !

A cette époque , souvenez-vous , la publicité de '' Y A BON BANANIA ! '' nous amusait beaucoup ! Nous admirions aussi un négrillon nettoyer l'écran de notre ciné de quartier pour le compte de VANDAM KH et nous n'étions pas encore obligés de relire notre '' TINTIN au CONGO '' cachés dans les toilettes de peur d'être taxés de racisme primaire ... !

Aussi quand un élève africain intégra notre classe , cela suffit à mettre notre intérêt en éveil . Notre camarade , que nous appellerons M'Bonga devint rapidement la tête de turc (ce qui pour un noir est tout de même extraordinaire ! ) du titulaire de la classe , un jésuite pure souche ...
Peut être le père du religieux avait-il été cannibalisé dans la suite de Stanley ;
peut être sa mère avait-elle été surprise avec un serviteur , un soir où ils étaient seuls à la plantation ? Mystère !

Il faut dire que notre compagnon ne faisait aucun effort pour soigner son apparence ethnique , par exemple en se pâlissant légèrement à la Michaël Jackson ; pas du tout , il était noir comme on n'a pas trouvé plus noir depuis !
Et , comme le dit notre Johnny semi-national : '' noir c'est noir , il n'y a plus d'espoir ! ''

L'orage éclatât lors d'une interrogation orale .
Rien n'est pire qu'une interrogation orale ! Ne pas connaître sa matière est déjà pénible , mais se le faire remarquer devant 40 couillons qui rigolent , alors qu'ils n'en connaissent pas plus que vous , c'est humiliant !
Les réponses de notre ami ne plurent pas au chef inquisiteur qui se lança dans une diatribe acerbe et de très mauvais goût , concluant son homélie par un puissant et ravageur : '' et ce n'est pas un bougnoule qui va faire la loi dans ma classe !!! ''

Le problème c'est que le ''bougnoule '' faisait un bon 1m85 pour 95 kilos et que son éducation l'avait mal préparé à s'effacer devant un clown , vêtu d'une jupette noire , en plus ... !
Mes camarades durent s'y mettre à quatre , à la façon des rugbymans , pour empêcher que la tronche du prof ne soit transformée en profil abstrait digne de la période tourmentée de Salvador Dali !

Le prof , livide et accroché à l'estrade encourageait mes amis par des :
'' ne le lâchez pas , surtout de le lâchez pas ... ''

A mon grand dépit , je le confesse ( de çà nous en reparlerons un jour ... ) mes camarades tinrent bon et M'Bonga fut traîné , sous bonne escorte , jusqu'au bureau du préfet de discipline .

Personne ne l'en vit ressortir , et nous sommes depuis sans nouvelle de lui ( je parle de notre camarade ,... pas du préfet de discipline , hélas ! )

(noire ) moralité :

Même pendant le ''semaine du blanc "
Il convient de parler aux noirs poliment !